Retour vers l accueil du site lesnews.org...

 Source : Valeurs Actuelles (24/01/2003)    Source : La Depeche (31/01/2003)
[Articles du 30/01/2003] - [ Periode : 01-2003 (22 articles)] - [ Source : Valeurs Actuelles (8 articles)]

Article paru le 30/01/2003 - Cet article est la propriété du journal ou société : Valeurs Actuelles

Logo Valeurs Actuelles

AZF-SNPE : Désormais Perben n’exclut plus rien…


Contre-enquête Attentat, accident ou acte de malveillance ? “Aucune piste n’a été, n’est et ne sera privilégiée” dans l’enquête judiciaire sur la catastrophe de Toulouse, a fermement rappelé samedi le garde des Sceaux : “Les Français sauront la vérité…”

C’est un silence qui en dit long. Ce mercredi 29 janvier au soir, au moment où votre exemplaire de VA est bouclé et mis sous presse, il s’est écoulé six jours depuis la parution de notre dossier spécial « AZF : le mensonge était presque parfait… » Six longues journées durant lesquelles la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) a été bien en peine de réfuter publiquement, et de manière argumentée, nos nombreuses révélations factuelles : cassette audio des deux explosions enregistrée à l’aérodrome Montaudran (audible sur notre site Internet;), photos aériennes prises “avant” et “après” la catastrophe, témoignage capital d’un employé de la SNPE ressentant les deux ondes de choc successives au sud de l’usine, double panache de fumée photographié depuis le centre-ville, contestation de l’analyse sismique “officielle” de l’Observatoire Midi-Pyrénées “labellisée” en urgence par l’Académie des sciences, sans oublier la confirmation essentielle, par EDF, de la chronologie des événements électriques et de l’explication possible des arcs et des éclairs lumineux observés par de multiples témoins…

Même la SNPE ne parle plus de “l’accident d’AZF”….

Autant de faits matériels têtus constituant un faisceau d’indices convergents qui nous ont permis de conclure à l’existence d’une première explosion souterraine sur le site de la SNPE, à proximité du bâtiment 371, environ huit secondes avant l’explosion du hangar 221 d’AZF. Vendredi 24 janvier à 19 h 45, après une longue journée de conclave avec ses avocats, la direction générale de la SNPE s’est bornée à mettre en ligne sur son site Internet un laborieux communiqué de presse. On y lit qu’« elle ne peut que s’indigner de l’acharnement mis par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, dont les motivations réelles mériteraient analyse (sic !), à désigner le site industriel de SNPE comme siège du fait générateur de l’explosion du hangar de l’usine AZF ». Faisant mine de douter que notre « acharnement » porte sur autre chose que la recherche opiniâtre de la vérité, à laquelle ont d’abord droit les proches des disparus et les victimes rescapées, la SNPE dit à présent « faire confiance à la justice pour établir toute la lumière sur la cause de la catastrophe » et « estime n’avoir pas à prendre parti en faveur de telle ou telle thèse ». Singulier revirement au regard de ses démentis techniques des 18 et 31 janvier 2002, qui apparaissent, avec le recul d’une année, pour ce qu’ils étaient : de grossières improvisations sur l’explication de « l’accident d’AZF », terme qui n’a plus cours aujourd’hui y compris dans la mise au point de la SNPE… Ce même vendredi 24 janvier, de 16 heures à 18 h 30, le procureur de la République, Michel Bréard, et le procureur général, Jean Volff, étaient convoqués à la chancellerie. Devant Patrick Hubert, directeur de cabinet du garde des Sceaux, et Jean-Claude Marin, directeur des affaires criminelles et des grâces, les deux magistrats toulousains ont fait un point complet sur les enquêtes pénales et civiles en cours depuis seize mois. Une réunion tout à fait inhabituelle dont Dominique Perben a tiré les conséquences lors d’un point de presse organisé samedi 25 janvier à 16 heures, ce qui n’est pas non plus très courant Place Vendôme… Soucieux de « restaurer la sérénité dans ce dossier » et estimant que « les incertitudes qui pèsent sur cette affaire peuvent créer un doute dans l’esprit des Français sur leur justice », le garde des Sceaux a solennellement enterré la thèse officielle de « l’accident à 99 % », chère au procureur Michel Bréard, en affirmant : « Les Français ont droit à la vérité. Je veux qu’ils soient convaincus qu’aucune piste accident, acte de malveillance ou attentat n’a été, n’est et ne sera négligée. » Et la chancellerie veillera très régulièrement au bon déroulement futur de l’enquête, y compris en termes de moyens matériels d’expertise. Alors, attentat ou accident ? La seule certitude en l’état est la cohérence chronologique que nous avons établie et représentée sur notre infographie : une première explosion souterraine à la SNPE, vers 10 h 17 min 55 sec, qui produit l’événement sismique principal et entraîne deux secondes plus tard une première cascade de défauts électriques à la SNPE et à AZF ; puis, vers 10 h 18 min 3 sec, l’explosion monstrueuse du hangar 221 d’AZF, dont l’onde de choc provoque une seconde cascade de défauts électriques, qui démarre à 10 h 18 min 7 sec avec la rupture en pleine portée de la ligne aérienne de 63 000 volts dite “pont des Demoiselles”, à deux cents mètres à vol d’oiseau au nord du hangar 221, et se poursuit sur tout le pôle chimique pendant au moins vingt-cinq secondes.

Relation de causalité… ou de simple concomitance ?

Reste à confirmer une relation de stricte causalité sachant que l’antériorité de huit secondes est établie par les témoins… entre les arcs électriques et l’explosion du nitrate d’ammonium, ou à constater une simple concomitance. Et reste aussi, bien sûr, à expliquer la cause de la première explosion souterraine à la SNPE. Le tout dans une instruction qui reste ouverte pour « homicides et blessures involontaires par manquement délibéré à une obligation de prudence ou de sécurité », ce qui est en soi un bel aveu de la manière dont toute l’enquête a jusqu’ici été orientée. Impossible pour autant de modifier l’incrimination dans l’immédiat. Problème de procédure. Et d’indépendance du parquet…

Thierry Deransart


 Source : Valeurs Actuelles (24/01/2003)    Source : La Depeche (31/01/2003)

(Pour rappel, la diffusion d'articles est soumise à des règles strictes. Je vous invite à consulter celles-ci en cliquant directement sur le logo en en-tete de page pour accéder au jounal propriétaire de cet article. En ce qui concerne le site sur lequel vous vous trouvez http://www.lesnews.org, les demandes ont été faites ou sont en cours. Pour plus d'informations, sur le drame de Toulouse, je vous invite également à consulter les articles disponibles ou dossiers sur les sites multimédias de ces journaux, accessibles également en cliquant via le logo du journal assoccié en en-tête)


Retour en haut de l article